Les inconsolées

De la femme d’hier cantonnée à son univers domestique, à celle d’aujourd’hui qui a peu à peu conquis l’espace public et professionnel, les injustices et discriminations perdurent dans une société culturellement patriarcale. Les mêmes histoires se répètent avec les mêmes maux. La violence envers les femmes, calfeutrée hier entre les murs, défraie aujourd’hui les chroniques des faits divers. Et pourtant rien ne semble bousculer les pratiques ancestrales. Conter ces femmes, dont beaucoup pensent encore qu’elles ne devraient ni être vues ou entendues, reste un devoir de mémoire. Elles demeureront inconsolées tant que leurs souffrances ne seront pas prises en compte, et leurs droits confisqués.

Extrait
La disgrâce d’Amina dura plusieurs mois durant lesquels, elle évitait même d’aller au hammam pour échapper aux regards d’hostilité des autres femmes. Jusqu’au jour où un chérif qui avait perdu femme et enfants dans une épidémie de typhus vint demander sa main. Moulay Omar avait des origines berbères de la tribu des Seghrouchni, de ceux qui n’avaient pas peur des loups, et encore moins du mauvais œil. Bien que d’origine modeste, Moulay Omar avait la réputation d’un homme intègre et travailleur. Il était employé au bureau d’état civil de la ville où il tenait le registre des naissances et des décès. Cette fonction l’élevait presque au rang d’un notable. Le Fkih avait réservé sa réponse pendant quelques semaines puis finalement accepta sa demande. Après tout, personne d’autre ne s’était manifesté, alors qu’Amina était pubère depuis quelques mois. Il introduisit plusieurs amendements au contrat de mariage pour protéger sa fille: des plus judicieux «ma fille habitera seule» pour la soustraire aux affres de la cohabitation avec sa belle-famille, au plus farfelu «elle ne fera pas de pain à l’orge».

Presse & blog
Le Maroc diplomatique - 15 octobre 2020 - cliquez ici

Interview Karima Echcherki - Bled.news - 23 octobre 2020 - cliquez ici

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Mark C. Boehm, Brussels, Belgium